Alors que les pluies continuent de s’abattre sur la capitale congolaise jusque tard dans le mois de juin, les prix des légumes de grande consommation ont fortement augmenté dans les marchés de Kinshasa. Ce phénomène surprend d’autant plus que cette période pluvieuse aurait normalement favorisé l’abondance de certains produits agricoles.
Parmi les légumes les plus touchés par cette flambée figure la botte de feuilles de manioc, communément appelée pondu caoutchouc, dont le prix est passé de 1000 FC à 2000 FC parfois 4000 FC.
Selon Bernadette Biyomba, vendeuse au marché de la liberté, cette hausse est liée à la rareté des produits causée par la dégradation des routes de desserte agricole qui limite l’approvisionnement des centres urbains, mais aussi à la fin de la saison de production pour certaines cultures malgré les pluies qui continuent de s’abattre sur Kinshasa.
« D’autres légumes connaissent le même sort. Une botte moyenne d’épinards en provenance de Kimwenza, autrefois vendue à 1000FC, coûte désormais 2000 ,3000FC. Le pondu Kongo, une autre variété de feuilles de manioc, est passé de 1000 FC à 2000,3000 FC. Le matembele (feuilles de patates douces) en provenance de Kimwenza Gare se vend actuellement à 2000 FC contre 3000 FC auparavant. Le prix d’une botte de gombo est monté à 2000fc pour 8 gombo contre 1000 FC, tandis que celui du Lumba-Lumba (basilic) en provenance de Kinkole a doublé, passant de 1.000 FC à 2.000 FC», a-t-elle expliqué.
Avant d’ajouter que : « L’amarante, localement appelée bitekuteku, originaire de Kasangulu dans le Kongo Central, est désormais proposée à 2000 FC contre 1000 FC. Un choux se négocie à 2000,3000 FC contre 1500 FC auparavant. La botte de mikungu est quant à elle passée de 3.000 FC à 5.000 FC, et la salade de Kasangulu a grimpé à 5000 FC au lieu de 3000 FC», a-t-elle fait savoir.
Les vendeurs ambulants, eux, affichent des prix encore plus élevés, souvent doublés par rapport à ceux pratiqués dans les marchés traditionnels. Cette surenchère est justifiée par les efforts de transport manuel et les déplacements à pied, dans une ville où la mobilité reste un défi majeur.
Cependant, certains produits conservent une certaine stabilité en raison de leur disponibilité sur les marchés. C’est le cas des feuilles d’aubergines, appelées bilolo, dont la botte reste à 1000 FC et de la pointe noire provenant de Mbanza-Ngungu, toujours à 1000FC en raison de sa saison. L’oseille, connue sous le nom de ngayi-ngayi, se vend autour de 1000FC. Les feuilles de courge, ou mudibudibu, et les feuilles de haricots (sampu-sampu), restent quant à elles à 2000 FC la botte.
Cette flambée des prix fragilise davantage les ménages déjà éprouvés par la crise économique, obligeant de nombreuses familles à ajuster leurs habitudes alimentaires ou à se tourner vers des substituts moins coûteux. Une situation qui rappelle l’urgence d’investir dans les infrastructures rurales pour fluidifier le circuit d’approvisionnement alimentaire de la capitale.